Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/99

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— Si nous descendions, fit l’Américain, nous y verrions encore moins, car évidemment cette brume doit être d’autant plus épaisse qu’on se rapproche de terre.

— Peut-être aussi serait-il imprudent de faire les 200 kilomètres qui nous restent à trop faible hauteur, observa Georges Durtal ; car, sommes-nous toujours au-dessus de la banquise, sommes-nous au-dessus d’une terre, nous n’en savons rien. À quoi bon risquer d’aller nous briser contre un relief inconnu ?…

— Comme nous avons failli le faire sur le pic de notre ami Petersen, appuya sir James Elliot.

À son tour, mistress Elliot prit la parole :

— Moi, fit-elle, je ne puis m’imaginer qu’il n’y ait pas au Pôle un renflement marqué.

— Mais il me faut un monticule à moi, un mamelon, une élévation quelconque, pour y construire mon observatoire ! Car vous devez bien supposer que, si nous atteignons si aisément ce point aujourd’hui, je n’aurai plus qu’une idée : y revenir, pour y faire, avec mon instrument, les observations essentielles… Or, pour bâtir un observatoire, il faut une montagne… petite si vous voulez, mais il en faut une.

Christiane sourit.

— Supposez-le construit par une baguette de fée à l’instant, interrogea-t-elle ; qu’est-ce que vous pourrez observer par un brouillard pareil, monsieur le savant ?