vertiras point, le Français a d’instinct l’horreur des renégats.
Il y eut un silence : le sultan s’était retourné instinctivement vers Zérouk, et celui-ci avait pâli.
— Alors je les écraserai, fit-il.
— Ils se défendront.
— Peine perdue : tu en jugeras toi-même quand tu verras la terre couverte de mes soldats, car au lieu de t’enfermer dans mon « bôma », comme j’en avais l’intention, je t’autorise à me suivre.
— Te suivre ? fit joyeusement l’officier, que cette solution inattendue étonnait au plus haut point.
— Oui, tu m’accompagneras, mais tu vas me donner ta parole d’officier français que ni toi, ni ton compagnon, ni tes serviteurs, ne chercherez à fuir.
— Tu as ma parole, dit le capitaine, mais avec une réserve toutefois.
— Laquelle ?
— C’est que tu m’en délieras dès que nous aurons franchi la frontière de France.
— Pour retourner vers les tiens et me combattre ?
— Pour mourir avec mes compagnons d’armes : que t’importe un ennemi de plus, puisque tu es sur de vaincre ?
— Ta franchise me plaît, j’y consens.
À ce moment, le roi Mounza se leva et se pencha vers le sultan : une conversation s’engagea à voix basse entre eux, et aux regards qu’ils échangèrent, il devint évident que c’était de Nedjma qu’il était question :
— Le roi des Monbouttous me demande cette fille pour son harem, dit le sultan ; il est mon ami : je la lui donne.
La foudre fût tombée aux pieds de la jeune Mauresque qu’elle n’eût pas produit un effet plus terrifiant : elle poussa un cri désespéré et s’abattit comme une masse aux pieds de l’officier.
Déjà Mounza, avait fait un pas vers elle.
Mais de Melval étendit la main.
— Halte-la ! fit-il. personne ici ne touchera à cette enfant.
Le sultan fronça le Sourcil.
— Ignores-tu, lui dit-il, qu’une fille de notre religion ne peut être l’esclave de personne ; d’ailleurs, elle est de sang noble, et sa place est dans un harem royal.