Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/149

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armées ; à ces noirs batailleurs et fanatiques, le sultan avait réservé un lot important d’armes à répétition.

Et quand l’ordre du sultan parvint à El-Obeid, l’armée permanente, rapidement décuplée, se prépara à partir pour l’Egypte, suivie d’innombrables chameaux, et convoyée par des milliers de radeaux descendant le Nil.

Mais à tous ces contingents, il fallait un point de ralliement.

Il était nécessaire que le sultan, leur chef, successeur du prophète, leur apparut, non pas isolé au milieu des innombrables combattants qui convergeaient vers lui, mais commandant lui-même une troupe d’élite.

Cette troupe était une armée de 120.000 hommes, la Garde noire, comme l’appelait Omar ; la Légion du Prophète, comme l’appelaient les croyants.

En la formant de contingents empruntés à toutes les parties de l’Afrique, le sultan avait voulu en faire une élite capable de transmettre aux masses profondes du continent noir l’impulsion qu’elle recevrait de lui.

C’étaient en même temps, vis-à-vis des principales tribus africaines, des otages qu’il s’assurait pour l’avenir.

Le rendez-vous de toutes les fractions qui composaient cette armée avait été fixé à Atougha, où l’armée des Monbouttous avait, depuis dix mois déjà, préparé les approvisionnements en vivres nécessaires à une masse aussi considérable de troupes.

À partir du jour où l’appel aux armes avait rayonné sur tout le continent, il ne s’était pas passé de semaine sans qu’une troupe nouvelle arrivât an camp.

Son emplacement avait été choisi par Omar.

Aussi loin que la vue pouvait s’étendre sur la rive gauche de la rivière, ce n’étaient que baneraies, plantations de maïs, de sorgho ou de plantain.

À mesure que les colonnes arrivaient, on leur assignait un carré proportionné à leur effectif et on leur distribuait des troupeaux.

L’organisation de cette armée, noyau de « l’invasion noire », était le souci le plus attachant du jeune prince.

Depuis son retour d’Aghadès, toutes ses préoccupations s’étaient tournées vers ce but : introduire dans ces troupes