de défi, que le capitaine se retourna pour le suivre des yeux lorsqu’il fut passé.
— Voilà un particulier qui ne m’aime pas, dit-il ; du diable si je sais ce qu’il me veut.
— De lui aussi tu feras bien de te méfier, répondit Omar, c’est Zérouk, notre ingénieur, chef du service des poudres : un gaillard peu sympathique et peu estimable, mais remarquablement dangereux…
— Ingénieur des poudres ! songerais-tu à installer, quelque part, des fabriques et des dépôts de cette précieuse denrée ?
— C’est inutile : nos ressources de ce côté sont suffisantes pour nous conduire en Europe, où nous nous réapprovisionnerons facilement.
— Alors ?
— Je n’ai aucune raison de t’en faire un secret, car chacun ici a vu l’expérience du rocher d’Atougha : il ne s’agit pas de poudre, mais d’explosif ; un explosif extraordinaire, puisqu’il a déraciné un rocher, gros comme une mosquée, aussi facilement que mon pied projette au loin ce morceau de quartz.
— Quel est-il ?
— Donne-lui le nom que tu voudras, il n’en a pas encore.
— C’est donc de l’inédit ?
— Oui, sa composition est le secret de ce Zérouk, un homme important par conséquent, car c’est en partie sur lui que nous comptons peur créer un débouché en Arabie à la plus grande partie de nos forces.
— Je ne l’avais jamais remarqué.
— Il se montre peu, veillant à l’arrivée des approvisionnements de sel marin que nous envoyons chercher jusqu’à Bilma, et qui vont lui être nécessaires pour sa fabrication en grand là-bas sur les bords de la mer Rouge.
— De quel côté ? au Nord, au Sud ?
— Au Sud, en face de l’ile Périm : c’est là que nous allons nous diriger avec la « garde noire » pour forcer le passage de Bab-el-Mandeb ; les autres armées nous suivront.
— Quel est donc la largeur du détroit ?
— Il y a 20 kilomètres entre Périm et la côte d’Afrique, 3 seulement de l’autre côté.