Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/187

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— Oui.

— Sur ton ballon Le Tzar ?

— Oui, puisque tous les autres moyens de locomotion nous sont interdits.

— La traversée de la Méditerranée ne t’effraye pas ?

— Théoriquement, non ; à moins d’une rupture de machine, d’un éclatement de l’enveloppe par exemple, c’est au contraire la partie la plus facile du voyage, puisque nous ne risquons pas de rencontrer un piton, un roc, quelque molécule solide, en un mot, située à une altitude fâcheuse.

— Pourtant c’est la première fois.

— C’est vrai, mais j’allais tenter la traversée de Toulon à Tunis avec escale en Sardaigne, lorsque ces événements sont survenus ; c’est te dire que j’avais tout préparé pour une promenade au-dessus de la plaine liquide et que celle de Marseille à Alger n’a rien qui puisse m’effrayer.

— Tu n’as cependant plus la Sardaigne comme pied-à-terre en cas de besoin ?

— Non, mais j’ai les Baléares et je suis sûr à l’avance de pouvoir m’en passer ; après tout, la distance de Marseille à Alger n’est que de 900 kilomètres ; elle est donc franchissable pour moi en huit heures, en admettant une vitesse moyenne de 110 kilomètres à l’heure.

— Si tu as le vent arrière.

— Le vent ne fait rien à l’affaire ou du moins pas grand chose, il ne peut guère me dévier qu’au début lorsque je gagne mon premier sommet de départ ; ensuite, il ne peut pas m’empêcher de tomber, et en tombant, d’avancer ; c’est même une des beautés du système, car tous les dirigeables connus atterrissent dès que le vent atteint 15 mètres à la seconde.

— Bien, tu arrives donc à Alger, et là, que fais-tu ?

— Je m’informe, et puis en route pour les hauts plateaux et le désert.

— Et jusqu’où comptes-tu pousser ?

— Je l’ignore encore, cela dépendra des évènements, de la manière dont se comportera mon véhicule, de l’intérêt des renseignements recueillis et de la nécessité d’en rapporter d’autres ; mais il me semble que si la première partie du voyage a bien marché, rien ne nous empêchera d’at-