Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/210

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— Si elle obéit ! mais je gage que nous arriverons avec un peu d’habitude à tremper notre ancre dans l’eau sans que la nacelle touche, absolument comme les goélands qui effleurent la vague d’un coup d’aile.

— C’est rudement tentant.

— Qui sait, d’ailleurs, si cela ne nous servira pas un jour ou l’autre ? et puis nos bonds seront moins nombreux, puisqu’ils seront plus longs.

— Tu as raison, mais ce serait abominable, alors que tout va bien, de compromettre, par une expérience qui n’est pas indispensable, le résultat de notre voyage.

— Nous ne risquons rien ; en cas d’accident, le paquebot que voici, et qui marche dans le même sens que nous, arriverait à point pour nous tirer d’embarras.

— Allons, tu as réponse à tout ; essayons je le veux bien, seulement je me réserve le maniement du levier pendant toute la durée de l’expérience.

— Et moi, je vais régler la marche des hélices.

— C’est cela ; nous allons commencer par descendre de 100 mètres plus bas que d’habitude ; tu vas donc suspendre la marche des hélices pendant les cent premiers mètres de notre chute, puis tu les laisseras reprendre leur vitesse habituelle ; alors, au lieu de nous arrêter à 400 mètres de la surface liquide, elles nous équilibreront à 300 mètres seulement.

Les deux hommes se dirigèrent vers l’avant, si on peut appeler ainsi un point quelconque d’une nacelle circulaire.

— A moi le baromètre ! fit le boulevardier, qui laissa choir son monocle pour mieux voir.

C’était un instrument dit enregistreur, d’un modèle perfectionné.

Sur un grand cylindre en parchemin quadrillé au millimètre, une pointe se mouvait correspondante un baromètre à mercure dont les variations étaient rendues très sensibles par un ingénieux dispositif.

Cette pointe verticale, terminée par un stylet horizontal, traçait à grande échelle les lignes ascendantes et descendantes décrites par le ballon dans l’espace, et, par un procédé absolument neuf, arrivait à donner aux lignes ainsi tracées la forme exacte des trajectoires parcourues.