Le Soufi, « celui que Dieu a choisi pour en faire l’objet de son amour », et qui passe sa vie dans des contemplations extatiques.
Le Salek, soufi qui, plus avancé dans la voie de Dieu, est favorisé de visions et de révélations surnaturelles. Son esprit affiné plane déjà au-dessus des pratiques matérielles du culte.
Le Medjedoub, le ravi, l’attiré (à Dieu) ; celui-ci est arrivé à ce moment psychologique où l’équilibre est rompu entre l’esprit et la matière, moment critique qui se traduit par l’inspiration et la folie.
Et cependant il a au-dessus de lui le Taouidi, être particulier, vivant en dehors de l’humanité et des besoins terrestres, goûtant l’état divin dans une extase perpétuelle.
De toute cette foule s’exhalait un souffle de fanatisme sauvage.
Les yeux brillaient de lueurs fauves, des faces émaciées de « marabouts », des figures ascétiques de « moqadems » sillonnaient cette cohue grondante, lui soufflant le feu de leur haine pour le chrétien, l’éternel ennemi.
Saladin restait seul absorbé en apparence dans des dévotions interminables.
Le Katib lui toucha l’épaule.
— Ashab-el-beçat[1], dit-il, il est l’heure de te retirer. El-Farouk a donné la baraka[2].
— J’ai besoin de lui parler en particulier.
— Pour une affaire de Zaouia ?[3]
— Non.
— De conscience ?
— Non.
— Pour… la grande affaire ? demanda l’Arabe en regardant fixement Saladin.
— Oui.
— C’est important ?
— Oui.