Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/249

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Aussi les préventions qu’il avait provoquées au départ avaient rapidement disparu.

Seul, Guy de Brantane continuait à garder vis-à-vis de lui une réserve voisine de la froideur.

Cette tête-là « ne lui revenait » décidément point.

Vers dix heures, l’ingénieur avait constaté sur le baromètre que l’altitude atteinte était de 2.800 mètres, et n’avait pas eu besoin de longues réflexions pour en comprendre la cause.

Le thermomètre marquait 39 degrés, et le gaz dilaté par cette température anormale tendait démesurément le soufflet d’équateur.

Au-dessus du Chott-el-Chergui, il avait été forcé de lui donner issue par la soupape, afin de dégager le trop-plein.

— Il ne faudrait pas souvent répéter ce manège-là, fit-il en tirant lui-même à petits coups sur la corde rouge qui manœuvrait la soupape ; nous serions vite anémiés, car notre gaz c’est notre sang.

— Bah ! fit Guy, nous en avons une sérieuse réserve.

— Sérieuse n’est pas le mot, mon cher neveu : le gaz comprimé à 500 atmosphères que renferme la paroi inférieure de la nacelle, représente à peu près 3.000 mètres cubes d’hydrogène à la pression normale, : or, il ne faudrait pas souvent en perdre, comme nous venons de le faire, 50 mètres cubes d’un coup.

— Mais il n’est pas nécessaire de les remplacer ces 50 mètres, dit le jeune homme : la température qui nous oblige aujourd’hui à les évacuer va rester très élevée, et nous nous trouverons dans des conditions semblables avec 50 mètres cubes de moins.

— Erreur, mon brave ami : tu n’as pas l’air de te douter qu’en Afrique on constate des différences de température extraordinaires entre le jour et la nuit : il n’est pas rare, à Géryville, de voir cette différence atteindre 35 et 40 degrés, et Reclus raconte qu’à Touggourt elle a atteint un jour 63 degrés, la température ayant été de 7 degrés au-dessous de zéro pendant la nuit et de 56 au-dessus vers 11 heures du matin.

— Dois-je vous croire ?

— Ce sont des voyageurs sérieux qui l’affirment, et l’ingé-