Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/254

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autres ont déserté avec leurs armes et leurs chevaux. Impossible par conséquent d’envoyer la moindre reconnaissance aux environs.

— Et nos colonnes ?

— Elles seront concentrées ce soir. En forçant de marches elles ont dû se réunir à 20 kilomètres à l’est d’El-Abiod.

— Alors vous restez la avec votre bataillon de zouaves ?

— Oui : exactement 1.256 hommes, c’est-à-dire de quoi laisser piller la ville, mais défendre sérieusement la citadelle : toute l’Afrique peut bien venir buter contre ses murailles, elle n’entrera pas ici, je vous en réponds.

L’ingénieur hocha la tête. La situation était plus noire qu’il ne l’avait cru, et il voyait déjà Laghouat entouré de tous côtés par le flot grondant de l’invasion.

Les voyageurs serrèrent chaleureusement la main du commandant, et l’aérostat repartit dans la direction du sudouest.

À quatre heures du soir, il passait au-dessus de l’oppidum circulaire d’Aïn-Mahdi, cité célèbre par le siège long et héroïque qu’elle soutint contre Abd-el-Kader.

Une heure après il arrivait à Brezina.

Autour du bordj crénelé qui dominait le village, des tentes étaient dressées. Des files de mulets attachés à des cordes s’alignaient le long des murs blancs, et de nombreuses arabas réunies en parcs, timon contre timon, formaient un vaste carré.

Des points noirs se mouvaient autour d’un trou circulaire, comme des, fourmis environnant un noyau de fruit : c’étaient des soldats qui tiraient de l’eau à un puits.

— Voilà un convoi appartenant à l’une ou à l’autre de nos colonnes, dit Guy, nous approchons.

Et soucieux, il descendit à la soute aux munitions et en remonta quelques instants après avec six carabines qu’il examina avec soin.

— Oui, nous approchons, dit l’ingénieur, et tu as raison de penser aux armes, car il y a de grandes chances pour que nous ayons l’occasion de nous en servir, nous aussi.

— Seulement, dit le jeune homme, je réfléchis aujourd’hui que j’aurais bien dû apprendre à notre équipage le