Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/269

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— Oui, fit l’ingénieur, s’ils consentent à guider l’aérostat vers le noyau principal de leur armée.

— Mais, fit le général, que n’indiquent-ils de suite où il est ?

— Ils disent qu’ils ont été pris avant-hier, qu’ils ne savent plus si les renseignements qu’ils donneront sont exacts, qu’ils appartiennent à des fractions très avancées, quelque chose comme les éclaireurs de leur cavalerie d’exploration, et qu’enfin les explications qu’ils donneront seront plus précises lorsqu’ils seront en ballon.

— Ça ne les effraie pas de monter là-dessus ?

— Je leur ai expliqué grosso modo ce que c’était, ça n’a pas eu l’air de les étonner beaucoup.

— Rien ne surprend ces gens-là, fit le général ; j’en ai vu monter dans des trains express, se voir emporter à toute vapeur, et ne pas donner un coup d’œil à la locomotive en descendant, alors que la veille encore ils ne connaissaient que leurs chameaux comme véhicules. Emmenez-les, c’est chose entendue.

— Mon oncle, fit Guy, c’est 150 kilogrammes au bas mot à enlever ; ils ont beau être maigres comme des ficelles…

— Eh bien, c’est le cas de nous débarrasser du même poids de lest en plomb sans risquer de tuer quelqu’un comme cela nous arrivera lorsque nous jetterons nos saumons dehors de 1.000 mètres de haut.

— Mais je n’ai pas de cabines pour deux hommes de plus.

— Une cabine ! ils resteront sur la plate-forme.

— Et vous ne craignez pas ?…

— Ils resteront ficelés : donc rien à craindre, et, d’ailleurs, fit l’ingénieur s’adressant à Saladin, vous n’avez pas l’intention de les garder longtemps, je pense ?

— Non, ce soir même, dès que nous serons de retour, ils seront devenus inutiles, et nous les réintégrerons où nous les avons pris.

— Je vous en fais cadeau bien volontiers, fit le général en riant : ne vous croyez donc pas obligés de me les ramener.

Les deux indigènes étaient retombés dans leur mutisme indifférent.

Pendant que Gesland comptait le nombre de saumons