Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/270

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nécessaires pour compenser cette augmentation de poids, Saladin, revenu près d’eux, faisait débarrasser leurs jambes des liens qui les immobilisaient pour leur permettre de monter dans la nacelle.

Ils furent dirigés vers l’échelle, s’arrêtèrent au pied sans mot dire, reportèrent leurs regards sur l’interprète et, sur un signe de lui, se mirent à monter lentement l’un derrière l’autre.

— Ah ! vous voilà ! moricauds du diable ! fit le général Quarteron ; voulez-vous leur demander, Monsieur, dit-il, en s’adressant à l’interprète, de nous dire dans qu’elle direction ils supposent l’agglomération de leurs tribus ? Est-ce ici, ou là ?

Et le général, le bras étendu, montrait alternativement la direction du Sud et celle du Sud-Est.

L’interprète parla aux deux hommes ; la langue employée était rauque, les mots brefs, les phrases hachées.

Mais il était visible que l’interprète agrémentait son discours de considérations étrangères à la demande qu’il traduisait, car il parla longtemps, et les deux Touaregs, les yeux dans les siens, semblaient boire ses paroles.

Enfin, l’un d’eux se leva, le plus vieux, et de son bras amaigri, montra l’horizon vers le Sud-Est.

— C’est un peu à gauche de ma direction de marche, dit le général ; mais, c’est égal, je ne serais pas passé à côté d’eux sans les voir. Et sont-ils loin ?

Le vieux Targui hocha la tête lorsque la question lui fut transmise.

— Ils sont tout près, alors ?

Un nouveau hochement, semblable au précédent, fut encore sa réponse.

— Les mots près et loin n’ont pas pour eux, mon général. dit l’interprète, la même signification que pour nous ; dans ce Sahara, qu’ils parcourent en tous sens, deux ou trois cents kilomètres ne sont que fort peu de chose, puisqu’ils arrivent à les franchir en deux ou trois jours à dos de méhari.

— Tout est relatif, en effet, dit le général ; mais j’avoue que ça dérangerait singulièrement mes combinaisons, d’apprendre qu’ils sont encore à deux de leurs journées de