Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/271

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marche ; j’aime mieux espérer que vous allez les rencontrer à une cinquantaine de kilomètres d’ici tout au plus, et comme c’est pour votre ballon l’affaire d’une demi-heure, nous serons bientôt fixés ; dans tous les cas, je ne vais pas plus loin pour aujourd’hui, la chaleur est torride, mes hommes ont 33 kilomètres dans les jambes, nous allons camper ; vous nous retrouverez donc ici ce soir.

— Mais il n’y a pas d’eau, ici, mon général, dit l’ingénieur.

— Je ne comptais pas en trouver ; mais, soyez sans inquiétude, j’en ai pour cinq jours au convoi.

— Cinq jours, ça ne vous mènera plus bien loin.

— Oui, mais j’ai mieux que cela, j’ai des appareils perfectionnés de forages artésiens et des équipes du génie pour les manœuvrer.

— Et vous avez trouvé l’eau jusqu’à présent ?

— Oui, chaque jour depuis la formation de la colonne, nous avons pu renouveler la réserve portée par les chameaux ; dès l’arrivée au bivouac, mes équipes de puisatiers se dispersent sur plusieurs points du terrain, s’installent, enfoncent leurs tubes dans le sol, atteignent en trois heures des profondeurs de 70 mètres, grâce à la perfection de leur outillage, et il est rare que deux ou trois d’entre elles sur dix ne hissent pas au-dessus de leurs forages le drapeau bleu, qui indique la présence d’une nappe d’eau souterraine et sa montée dans les tubes. Son seul inconvénient est d’arriver quelquefois à une température de 60 degrés ; on en est quitte pour la mettre à rafraîchir dans des peaux de bouc ou des gargoulettes.

— Mais alors, vous avez résolu le problème de la marche d’une armée dans le désert, mon général, dit l’ingénieur.

— C’était la seule solution possible.

— Mon oncle, fit Guy, montrant le soleil qui baissait du côté des montagnes de l’Atlas, l’heure s’avance.

— Ce jeune homme à raison, dit le général, vous me faites bavarder et perdre de vue notre but principal ; partez, j’attends votre retour avec impatience.

— Et vous ne doutez pas du succès ?

— Pas une minute, vous dis-je.

— Votre assurance me réchauffe le cœur.