Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/314

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Un rayon du soleil levant tomba sur lui et fit jaillir un reflet tricolore.

C’était le drapeau du 1° zouaves et sa garde.

Et, dans sa lorgnette qui tremblait au bout de ses doigts, Guy remarqua un homme seul, debout, tête nue et bras croisés, en avant du drapeau.

— Le général, murmura-t-il.

Tous les yeux se portèrent vers cet homme qui allait suivre son armée dans la mort.

— Et rien, rien à faire ! clama le jeune homme en se tordant les mains dans un geste de désespoir.

— Mon oncle ! cria-t-il encore, ne pouvons-nous essayer de sauver quelqu’un de ces survivants ?

L’ingénieur fit un geste désespéré.

— Je crois que nous n’avons plus rien à faire ici, dit une voix dont le timbre étrange frappa tout le monde.

C’était Saladin qui venait de parler, laissant déborder malgré lui la joie intense qui l’emplissait tout entier.

Désormais. il croyait au triomphe de l’Islam.

Le spectacle auquel il venait d’assister l’avait convaincu.

Oui, le fanatisme musulman allait de nouveau imposer sa volonté au monde, et il y avait un grand rôle à jouer pour lui dans cette société guerrière qui allait se fonder sur les ruines du christianisme.

Qu’attendait-il maintenant pour avoir sa victoire, lui aussi ?

Du champ de bataille où maintenant la lutte tirait à sa fin, il reporte ses regards sur ceux qui étaient là.

Ils étaient huit !

Tous les huit armés.

Il ne pouvait rien entreprendre tant qu’ils conserveraient leurs armes, c’est-à-dire tant que le ballon planerait au-dessus du champ de bataille.

Pour retrouver l’occasion propice, il fallait partir, et pour la seconde fois Saladin répéta :

— Nous n’avons plus rien à faire ici.

Guy se tourna vers lui, un éclair dans les yeux.

— Taisez-vous, dit-il d’un ton sec et hautain, vous n’êtes rien ici, et vous n’avez pas d’avis à émettre.

Et se retournant vers l’ingénieur :