Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/59

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fiant l’adversaire par des cris et des hurlements dans toutes les langues. Ainsi, que nous ont-ils tué l’autre nuit ?

— Quatre mille et quelques nègres.

— C’est pour rien ; notre supériorité numérique nous permet cette prodigalité-là.

— Cependant, reprit Omar au bout d’un instant de réflexion, il me parait indispensable qu’au milieu de cette foule armée se meuve un noyau parfaitement organisé, et ce sera précisément celui dont tu parlais tout à l’heure, « l’armée d’Agoutha », restant sous tes ordres directs, mais à laquelle les cadres manqueront toujours.

— Des cadres, reprit le sultan, nous en trouverons à Constantinople ; les dernières nouvelles que j’en ai reçues m’annoncent que les officiers turcs, humiliés de se voir supplantés dans leur commandement par des Anglais et des Allemands, abandonneront l’usurpateur actuel à la première alerte : c’est sur eux que je compte, et ils nous transformeront en régiments, brigades et divisions le troupeau humain que j’emmènerai d’ici.

— Un dernier mot, mon père : le travail d’organisation est prêt pour nos armées du Nord ; quand comptes-tu le communiquer aux chefs ?

— Je tiens d’abord à le leur communiquer moi-même. Envoie-leur donc des courriers pour leur donner rendez-vous à Aghadès dans cinquante jours ; fais préparer un