Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/82

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vement à rouvrir, par une action énergique, le réseau des routes algériennes ?

C’est ce qu’on comprend difficilement en voyant avec quelle rapidité le résultat fut obtenu dès qu’on voulut le poursuivre.

La réputation surfaite des Touaregs, leur audace accrue par l’impunité, le souvenir de leurs cruautés avaient fini par en imposer à l’opinion française, et le projet d’une expédition contre eux était resté lettre morte pendant plusieurs années.

Un jour vint pourtant où, sans crier gare, un ministre de la guerre audacieux et peu partisan des bavardages parlementaires, envoya d’In-Salah un peloton de méharistes à la rencontre d’un autre peloton venant de Tambouctou.

Les deux troupes se rencontrèrent au jour dit après avoir chacune de leur côté, administré de sanglantes leçons aux Touaregs, qui avaient cru pouvoir renouveler contre elles leurs essais de surprises nocturnes.

Et la légende des Touaregs invincibles et maîtres incontestés du Sahara s’évanouit.

Comme ils ne pouvaient d’ailleurs se réunir plus de deux cents à la fois à cause de la rareté des points d’eau, on espaça le long de la route qui relie l’Algérie au Niger des postes d’une compagnie, et après quelques tentatives infructueuses, les « Imohags » disparurent dans les profondeurs sahariennes orientales.

Alors seulement, le projet du Transsaharien put devenir une réalité.

En moins d’un an, les plans et devis déjà étudiés d’ailleurs par l’ingénieur Rolland, un des hommes qui ont le plus fait pour le triomphe de cette idée grandiose, furent adoptés.

Il est vrai d’ajouter que le projet complet et définitif avec plans, profils et dessins d’ouvrages d’art, ne fut pas soumis à l’approbation du Conseil supérieur des ponts et chaussées.

Mais il fallait aboutir vite, réparer le temps perdu ; on s’en passa.

Et c’est pourquoi, au moment où commence ce récit, com-