Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/49

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sa sûreté personnelle : parmi eux le bataillon Soudanais, noyau primitif de la Garde. Son ancien chef Sélim reçut le commandement de cette importante fraction.

Le gros de la Légion, soit 90.000 hommes, se dirigea en trois colonnes sur le royaume condamné. Deux d’entre elles suivirent le Nil Bleu (Bahr el Azrek), la troisième marcha droit sur Aksoum, la principale ville du Tigré.

D’autre part, Zérouk, lui aussi, avait pris l’avance par Kassala pour atteindre la mer Rouge au plus tôt ; il emmenait avec lui une formidable caravane chargée du sel récolté dans toutes les parties du Sahara, et envoyé de Bilma sans relâche depuis plusieurs mois.

Il allait établir en face du détroit de Bab-el-Mandeb, sous la protection d’une escorte de 2.000 Gallas et de toutes les tribus de la côte, une fabrication en grand d’explosif pour faciliter les dessins ultérieurs du Sultan.

Et le capitaine de Melval respira longuement lorsqu’il vit disparaître, dans la direction de l’Est, ces deux ennemis acharnés : une période de tranquillité allait suivre pour lui une longue série d’inquiétudes et de précautions de tous les instants.

Depuis le départ d’Atougha, il n’avait pas quitté Nedjma un instant, la faisant partager sa monture, la prenant dans ses bras au passage des gués, l’œil sans cesse aux aguets pendant les marches, l’oreille tendue la nuit, croyant toujours voir se glisser sous sa tente les émissaires du roi des Montbouttous.

Sans la présence du prince Omar, dont la tente était voisine de la sienne, il eût disparu depuis longtemps avec elle.

Maintes fois il avait rencontré le regard haineux du Chef du service des poudres ; c’était sur lui, il le savait maintenant par le fidèle Mata, qu’il avait tiré le soir où il avait délivré Nedjma, et il s’expliquait assez facilement la haine du renégat par l’obligation où il l’avait mis de porter le bras en écharpe pendant un mois.

Mais pourquoi Zérouk s’était-il, dès le premier jour, associé au projet de Mounza ? C’est ce que le capitaine ignorait absolument.

Il en avait demandé la raison à Omar, qui ne la soupçonnait pas non plus ; tous deux étaient loin de se douter de