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Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/125

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— Moi bien, mais triste.

— Nous allons retrouver Saladin, tu sais, ce brigand ?…

Le nègre fit un bond :

— Saladin ! s’écria-t-il en jetant un hurlement de fauve.

— Oui, nous voulons le tuer : tu seras bien content, n’est-ce pas, d’apprendre que nous l’avons tué ?

— Ah, Sidi ! c’est moi, moi tout seul pour tuer lui ; tu ne sais pas la nuit, je crois que je le tiens, que je découpe des petits morceaux sur son ventre, sous ses ongles et autour de ses yeux !…

— Ah ! tu voudrais donc !…

Il allait lui rappeler Alima, mais il se souvint qu’il ne faut pas parler femme aux musulmans.

C’était d’ailleurs bien inutile : le Soudanais n’avait plus au cœur qu’un souvenir, celui de sa petite compagne noire, et son unique but au monde était la vengeance. Il l’avait bien prouvé en quittant ses coreligionnaires et le Sultan, son ancien maître, sans tourner la tête.

— Tu voudrais donc venir avec nous ? demanda Zahner.

— Ah ! Sidi, emmène-moi et donne-le-moi, lui… et toute ma vie je te servirai, je te suivrai comme le petit éléphant suit sa mère.

— Je veux bien, mais il faut que tu m’aides à jeter un sort sur le maudit, pour que nous soyons sûrs de l’atteindre.

— Un sort ! un dibbou ?…

— Oui.

— Mais tu sais bien que je donnerais un membre de moi pour attraper lui… seulement je ne suis pas un griot

— Ne t’inquiète pas de cela et garde tes membres ; tu en auras besoin : ce qu’il faut c’est du sang de toi.

— Du sang, prends, dit le nègre, qui tendit le bras aussitôt, cherchant autour de lui un couteau pour y pratiquer une entaille.

— Attends, pas si vite : il faut que ce soit un t’bib (médecin) français qui le prenne et puis ton sang n’est pas bon en ce moment : le t’bib y mettra un filtre et après, quand tu nous auras donné à tous un peu de ce sang, nous serons bien sûrs de retrouver Saladin.

— Appelle vite le t’bib !

— Nous allons aller le trouver.

— Et tu me donneras Saladin ?