Aller au contenu

Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je te le donnerai.

— A moi seul ?

— A toi seul.

— Et je pourrai faire tout ce que je voudrai ?

— Tout ce que tu voudras.

Mata était chauffé à blanc. Cette nuit-là, il ne dormit pas.

Sa vie reprenait un but et quand il se trouva en présence du docteur Robin, le médecin de l’expédition aérostatique, une seule chose l’étonna, c’est qu’on ne lui ouvrit pas une plus grosse veine, avec un fort couteau.

Quand il vit le t’bib se borner le piquer légèrement sous l’aisselle avec l’extrémité d’une seringue d’argent, il ne put croire qu’on lui avait injecté le « jus de gris-gris » comme il appelait le filtre, qui détournerait la mauvaise chance.

— Zit ! (encore) fit-il en soulevant l’autre bras.

Le docteur se mit à rire : c’était un excellent homme tout rond, grisonnant, l’œil très fin derrière un lorgnon d’écaille, la barbe en pointe, les mains dans les poches, le nez au vent.

Ce n’était pas sans appréhension qu’il avait inoculé au Soudanais un centimètre cube de bouillon cholérique d’une virulence moyenne.

C’est assez, mon brave, lui dit-il, et dans quelques heures tu n’en demanderas plus.

— Vous craignez un accident ? demanda de Melval.

— Je n’ose répondre que ce nègre s’en tirera, car pour aboutir vite, j’ai commencé par un virus peu atténué ; même s’il s’en tire, il peut compter sur une forte fièvre, et ne sera pas fier à l’heure de l’embarquement.

— Et s’il résiste ?

— Alors, l’expérience est convaincante c’est que son organisme est réfractaire aux bacilles virgules ; je lui ferai trois autres inoculations et le sérum qu’il nous fournira le quatrième jour nous vaccinera tous…

— C’est indispensable, dit de Melval, et c’est pourquoi je n’ai pas hésité à vous répondre affirmativement quand vous m’avez demandé s’il fallait mettre à exécution le projet de mon ami Zahner ; la panique gagne de plus en plus et si nous voulons que nos hommes partent confiants