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Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/139

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lui les nombreux contingents arabes de Syrie et de Mésopotamie, tous armés de fusils ; ce corps était aussi un des rares qui eût amené quelques canons à dos d’éléphants.

Enfin les Gallas, les Somalis et les peuples côtiers de la mer Rouge formaient une agglomération de 300.000 combattants. ils n’avaient pas de chef suprême, et le Sultan avait décidé de donner à Saladin le commandement de ce noyau de 300.000 combattants, pour tenir la promesse qu’il lui avait faite.

A ces six armées formant un total de près de deux millions et demi de soldats, il fallait une avant-garde ce fut le cheik Senoussi qui la forma, comme il l’avait formée d’ailleurs jusque-là dans sa marche victorieuse à travers l’Egypte et la Syrie : à la tête de 800.000 fanatiques tripolitains, soudanais et fellahs, dont le dévouement pour lui était aveugle et qu’il avait pourvus d’armes perfectionnées, il se lança sur Philippopoli, précédé des 120.000 éclaireurs Wahabites amenés par l’émir Saoud.

Celui-ci devenait ainsi le chien de tête de la terrible meute ; c’était un homme d’action, et, bouillant du désir de se heurter aux infidèles, il arriva en quelques jours avec sa redoutable cavalerie à Tatar-Bazardsckik, qu’occupaient deux divisions de l’armée bulgare chargées de couvrir Sofia.

Le choc fut terrible, mais rien ne tint contre l’impétuosité des Wahabites.

Le général Petrowich, qui commandait l’une des divisions, fut tué un des premiers : la panique se mit dans ses troupes d’ailleurs peu aguerries et ses régiments décimés reculèrent sur la route d’Ichtiman, entraînant la deuxième division laissée maladroitement en réserve.

Mais Saoud n’était pas homme à se contenter d’un demi-succès : poursuivant à outrance ses adversaires, il anéantit la division déjà entamée et prit l’autre.

Le soir même les têtes coupées des prisonniers formaient un monticule sur la place publique de Tatar-Bazardsckik, et le télégraphe annonçait à l’Europe ce premier succès des armées musulmanes.

Cependant Abd-ul-M’hamed avait transporté son quartier général à Andrinople, d’où il pouvait diriger plus sûrement l’ensemble des opérations ; car tout en comptant avant tout sur le nombre et le fanatisme de ses soldats, il ne se dissi-