Aller au contenu

Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sances menacées, comme il avait, lui, fondu en une seule masse tous les asservis d’Afrique et d’Asie ?

Les ressources de la science allaient-elles équilibrer les forces, faire pencher la balance pour la civilisation ?

Non : on allait, pendant plusieurs mois du moins, assister à « la banqueroute de la science », suivant une expression du siècle précèdent ; et nul ne doit s’en étonner, car l’outil n’est rien, si perfectionné soit-il, lorsque tremble la main qui le tient.

Or, l’Europe commençait à trembler.

En décidant, dans les nombreuses réunions internationales qui avaient eu lieu, que chaque peuple se défendrait chez lui, il faut bien lui avouer que les grandes puissances avaient surtout compté sur la Russie pour soutenir le premier choc.

Mais ils avaient oublié que la Russie est une puissance asiatique autant qu’européenne et ils n’avaient pas prévu qu’au moment psychologique, elle aurait à faire face sur ses frontières sibériennes à l’assaut des races jaunes.

Si, en effet, l’Asie qui contient à elle seule les deux tiers de la population de la terre comprend 486 millions de Bouddhistes et 140 de sectateurs de Brahma, elle renferme aussi 160 millions de Musulmans, dont 70 dans la Chine seule.

Or, depuis dix ans qu’Abd-ul-M’hamed rêvait l’union de l’islam et l’assaut de la chrétienté, il n’avait pas négligé ce facteur important, et dans ses premières années de propagande nous avons vu ses émissaires parcourir le Turkestan, la Mongolie, la Mandchourie, le Chan-Si et le Thibet, ces régions les plus peuplées du globe où la race jaune grouille inconsciente de sa force ; il avait suscité parmi elles des marabouts et des enthousiastes, investi des chefs, envoyé de l’or et au moment où il abordait lui-même l’ennemi commun, le chrétien, sur son sol natal, de puissantes diversions se produisaient dans les provinces sibériennes de l’Amour, du Transbaïkal, d’Irkoutsk et de Tomsk, mettant en péril la domination russe en Sibérie.

Alors l’empire moscovite eut recours à la tactique qui lui avait si bien réussi déjà contre Charles XII et Napoléon.

Il se replia sur lui-même.

N’étant pas menacé directement en Europe, puisque le