premier des coups portés décelait l’intention du Sultan de marcher vers le Nord-Ouest, le Tzar se borna, après l’évacuation de la Turquie, à occuper très fortement les passages des Alpes de Transylvanie et tout le cours du Danube depuis ses bouches jusqu’aux Portes de Fer, avec une armée de 800.000 hommes à laquelle vinrent s’adjoindre les forces roumaines et bulgares ; une deuxième armée, dite de Bessarabie, fortifia et surveilla les passages des Karpathes, et l’armée du Caucase eut pour mission d’empêcher les Persans, dans leur marche vers Constantinople, de s’égarer du côté de Tiflis ; avec la plus grande partie de ses forces, la Russie put alors, grâce au chemin de fer transsibérien, tenir tête aux envahisseurs Mongols et Chinois.
Pendant plusieurs mois, les forteresses de Silistrie, de Ruschtschuk et de Warna, que les Russes avaient conservées sur la rive droite du fleuve, résistèrent à toutes les attaques de l’armée turque. Widdin seule allait bientôt succomber.
En vain le maréchal Réouf, encouragé par ses succès faciles dans les Balkans, essaya de traverser le fleuve à Turtukaï pour surprendre Bucarest : les Roumains, qui avaient concentré autour de leur capitale les 250.000 hommes qui formaient la majorité de leurs forces, le rejetèrent en Bulgarie après un combat sanglant : ils étaient commandés par le général Ghyka, un Saint-Cyrien encore celui-là ; et, dès lors, les adversaires restèrent sur la défensive de chaque coté du grand fleuve, les Russes attendant la fin de la terrible épidémie qui décimait leur armée pour tenter l’offensive, et les Turcs ne laissant en face d’eux que les forces nécessaires pour les tenir en respect.
A ce rôle furent affectées les troupes de Mustahfiz, solidement retranchées dans des positions choisies à Lom-Palanka, Rahowa, Plewna, Nikopoli, Rasgrad et Shcumla.
L’ancienne capitale bulgare, Tirnova, fut transformée en un immense camp retranché, et la partie la plus nombreuse et la plus solide de l’armée turque s’écoula par Wratza et Orhanie sur Sofia, où le Sultan était arrivé après une marche ininterrompue depuis Andrinople.
Rien n’avait tenu, en effet, contre la première vague qui, du long couloir de Thrace, était venue battre la Bulgarie, s’était emparée de sa capitale et pénétrait maintenant en