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Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/171

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épouvante fut au comble en rencontrant les fuyards de cette ville, envahie elle-même par les Massai.

Dès lors ce fut une tuerie auprès de laquelle pâlissent les plus grands massacres historiques. Des milliers de femmes et d’enfants, réfugiés à Semlin, encombrèrent de leurs cadavres, nus et raidis par le froid, les rues, les places et les chemins.

Quelques femmes seulement furent épargnées, celles que Mao, sultan du Bornou, désigna pour entrer dans sa collection, car il se constituait un harem blanc.

Le sang descendit en ruisseaux des parties hautes de la ville de Belgrade, et s’étala sur la neige et sur le fleuve, en larges nappes, où la lune se mira subitement empourprée.

La panique fut telle qu’elle gagna Pancsova, centre des approvisionnements de la défense, et aussi lieu de refuge de milliers de familles serbes et hongroises : les fuyards de Belgrade la traversèrent, entraînant à leur suite les troupes de défense et, pendant les journées qui suivirent, ce fut une course folle de milliers de groupes ou d’isolés jetant leurs armes dans la direction de Werschetz et de Témeswar.

Le lendemain matin, le Sultan entra dans Belgrade. Il fit brûler devant lui les cinq églises de la ville et hisser le drapeau vert sur la citadelle ; mais il défendit d’incendier les maisons, comptant y abriter, pendant le restant de janvier, les armées qui avaient le plus souffert ; puis il envoya les troupes les plus disciplinées de sa Garde pour prendre possession des approvisionnements en vivres et en empêcher le pillage.

Les résultats de sa victoire étaient incalculables : non seulement il tenait un des points principaux de sa ligne d’invasion, mais il assurait sa marche sur Vienne, sans avoir rien à craindre pour son flanc droit ; de plus, il s’emparait d’un matériel fluvial qui allait lui rendre les plus grands services en lui permettant de tenir le fleuve pendant quelque temps, et de suite il embarqua sur les monitors et les vaisseaux du Lloyd les équipages turcs incorporés dans l’armée du mouchir Reouf.

Un matériel énorme d’artillerie tombait en même temps en son pouvoir ; matériel de campagne et matériel de siège