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Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/172

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qui, entre les mains des officiers turcs, allaient lui permettre d’attaquer Vienne à l’européenne.

Ainsi, à mesure qu’il progressait, il empruntait à ses ennemis leurs procédés de guerre, leur tactique, leur armement.

Enfin, il se ravitaillait en vivres et en munitions.

Mais les résultats matériels de la prise de Belgrade ne furent que peu de chose auprès de l’effet moral qu’elle produisit en Europe.

Certes, on s’était rendu compte que l’Invasion noire était redoutable par le fanatisme de ses soldats et le génie de son chef ; mais il n’était pas un Européen qui crût sérieusement à la victoire de l’Islam, le jour où ses armées trouveraient devant elles les troupes de l’une quelconque des grandes puissances.

Maintenant, il fallait en convenir : grâce à leur audace dans les surprises de la nuit, les Africains pouvaient venir à bout des meilleures troupes ; on avait vu les régiments allemands céder comme les autres à la panique, et refuser de regarder en face ces noirs transformés en démons et en possédés.

Instruction, discipline, organisation, traditions militaires, tout s’effondrait dans cette lutte d’un aspect si nouveau, lutte sans merci de part et d’autre, mais où l’un des adversaires avait sur l’autre, avec le fatalisme, la terrible supériorité de mépriser la mort sous quelque forme qu’elle se montrât.

Il ne fallait pas laisser à l’ennemi le temps de se ressaisir, et le Sultan, pour profiter à la fois des facilités de passage que lui offrait l’hiver, et des hésitations qui allaient se manifester dans les armées hongroise et autrichienne des « confins militaires », expédia en toute hâte des messagers aux Senoussistes et aux Wahabites, pour leur annoncer sa victoire et leur prescrire de reprendre la marche vers le Nord.

S’ils ne pouvaient traverser la Save, comme venait de le faire l’armée de siège, ils devaient se rabattre sur Belgrade, où, en toute hâte, les ingénieurs turcs jetaient des ponts de chevalets sur un front de 20 kilomètres.

Mais déjà le maréchal Hatzfeld, trouvant ses quatre armées de la Save aventurées, avait rappelé deux d’entre