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Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/30

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CHAPITRE II


Le mal du pays. — Un peu de stratégie. — Désespoir d’Omar. — Derniers projets. — L’intérieur du harem. — La sultane Hézia. — Deux exécutions. — Baba réparait. — Dans la tour du Seraskier. — Mélancolie. — La petite étoile s’éteint. — Solde de captivité. — Les étonnements d’Hilarion. — Le double courant du Bosphore. — Un sauvetage inutile.


Le caïque, dans lequel de Melval et Zahner venaient de traverser le Bosphore à la suite du Sultan, était encore à plusieurs mètres de l’appontement du Vieux-Sérail, lorsqu’un corps, replié à l’avant de l’embarcation, s’élança, décrivit une courbe fantastique et à l’ébahissement des rameurs turcs, se mit à esquisser sur le quai une gigue ultra-britannique.

C’était Hilarion ; depuis qu’il avait la certitude qu’en mettant le pied en Europe il recouvrait la liberté, il ne tenait plus en place, et il n’avait pu se décider à débarquer comme tout le monde. Au milieu de la gravité générale, au seuil des ruines encore fumantes qui avaient été une des premières capitales du monde, et à quelques centaines de mètres du Vieux-Sérail où un drame pareil aux drames antiques se préparait, sa gaieté exubérante formait un contraste peu commun.

La France ! il allait revoir la France : et Paris ! ce Paris où il était né, et d’où il était parti un beau matin, le chapeau sur l’oreille, pour tâter de la vie d’Afrique.

Il y avait des jours où il croyait rêver et, ce jour-là encore, il avait demandé plus de dix fois au capitaine de Melval : « Croyez-vous qu’ils nous lâcheront comme ça, mon capitaine ? Pourvu qu’il n’y ait pas d’anicroche !… »