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Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/31

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Chez les deux officiers la même impression se traduisait tout autrement. Ils étaient silencieux, remués jusqu’au plus profond de l’âme par la pensée de la patrie bientôt retrouvée.

Et eux aussi se prenaient parfois à douter.

Dans quelques jours ils allaient revoir ceux qu’ils aimaient, parents, amis, camarades.

Ils allaient surtout retrouver leur place dans les rangs de l’armée française.

Etaient-ils toujours portés comme décédés, expression de l’Annuaire, ou « disparus », autre expression particulière aux « journaux des marches et opérations ».

Ou bien les nouvelles, qui étaient arrivées d’eux par le lieutenant de vaisseau rencontré dans l’île de Périm, avaient-elles apporté une variante à ces mentions officielles ? N’étaient-ils pas plutôt considérés comme officiers « en captivité » et ne devaient-ils pas compter être replacés dès leur retour ?

Dans tous les cas, leur premier soin à l’arrivée serait de revendiquer leur place au milieu des camarades. Ils arriveraient d’ailleurs à un moment où la France aurait besoin de tous ses enfants, car cette « Invasion Noire », avec sa vitesse acquise, ses succès ininterrompus, les armes terribles qu’elle opposait aux peuples civilisés, était bien capable de rouler jusqu’au Rhin à travers les peuples épouvantés.

Tous deux maintenant commençaient à le craindre, mais tous deux aussi étaient convaincus qu’au Rhin elle trouverait à qui parler.

Zahner surtout n’avait aucun doute à cet égard tout ce qu’il voyait autour de lui l’accoutumait à cette idée que jamais cette racaille de guerriers improvisés, quel que fût leur fanatisme, ne tiendrait devant de bons régiments français. Il avait pu y avoir surprise en Afrique, elle ne se renouvellerait pas en France, et si ses compatriotes se laissaient eux aussi effrayer par le choléra et les fléaux dont le Sultan se faisait précéder comme avant-garde, il se trouverait bien des généraux énergiques pour les remonter et les obliger à tenir tête.

On y serait habitué d’ailleurs, à cette pensée du choléra. On se fait à tout, et d’ailleurs était-il aussi terrible que cela ?