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Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/67

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Puis, avec le manche, il frappa sur un boulon de cuivre qui faisait saillie près du pêne et tout à coup poussa un cri de triomphe.

La porte venait de s’ouvrir toute grande : le secret de la serrure n’avait pas été changé depuis l’époque lointaine où le Sultan et quelques rares privilégiés de son entourage utilisaient cette issue mystérieuse pour sortir incognito du sérail et y rentrer.

Maintes fois alors il avait accompagné son père lorsqu’à la nuit tombée, il quittait les splendeurs et les mystères du harem, pour vivre pendant quelques heures de nuit au milieu des déshérités et des parias de son Empire, au milieu des étrangers surtout, chaque année plus nombreux à Constantinople.

Que de souvenirs et d’impressions eût dû rappeler au jeune prince cette porte maintenant ouverte !

Mais il ne songeait guère à tout cela : une émotion d’une extraordinaire intensité l’étreignait comme beaucoup d’enfants turcs, il avait pour sa mère la plus profonde vénération.

Depuis dix ans que durait l’errante odyssée du Sultan et de son fils, peu de jours s’étaient passés sans que la pensée d’Omar allàt sous les ombrages du palais d’YIdiz, auprès de celle qui avait guidé ses premiers pas et qui, d’esprit très cultivé, de sentiments très nobles, avait fait germer en lui les plus hautes qualités.

Maintes fois, dans les solitudes africaines, il s’était juré de la soustraire à l’injuste châtiment que la loi musulmane mettait à la disposition du Sultan.

Et c’était au moment où elle venait d’être arrachée, comme par miracle, à une mort ignominieuse, qu’il allait la perdre de nouveau

Évidemment, un ennemi inconnu s’acharnait contre la malheureuse femme, et décidé à sauver sa mère quoi qu’il pût lui en coûter, Omar, tirant son yatagan, s’élança dans le couloir souterrain qui s’ouvrait devant lui.

II le connaissait bien, ce long et humide boyau qui débouchait à plusieurs centaines de mètres de là dans la partie du palais réservée au Padischah.

Le ravisseur ne pouvait être loin, car une lumière vacillait à quelque distance, montrant la route au jeune prince.