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Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/7

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M’hamed, le Sultan du désert, contemplait les derniers combats, livrés en Asie Mineure.

Il avait gravi, suivi d’une escorte impériale, le Kaisch-Dagh, massif rocheux qui domine de 1.300 pieds la mer de Marmara et, à ses pieds, s’étendait en un ruban sinueux de 600 à 800 mètres de large, le détroit du Bosphore qui, reliant la mer de Marmara à la mer Noire, était le seul obstacle qui séparât maintenant l’Invasion noire de Constantinople.

Constantinople !

À 18 kilomètres dans l’Ouest, son ancienne capitale tout entière s’étalait sous ses yeux, et il ne pouvait en détacher son regard. Sous les feux du soleil couchant qui dorait ses dômes et ses minarets et mettait une teinte rose sur ses terrasses blanches, Stamboul lui apparaissait mille fois plus belle qu’il ne l’avait jamais vue au temps où il en était le maître.

Jamais non plus les rivages d’Europe et d’Asie n’avaient vu pareilles masses humaines se disputer la possession de ce joyau serti à l’extrémité du vieux continent par l’empereur Constantin.

De toutes les collines qui dominent le Bosphore, les colonnes de la Garde noire commençaient à descendre vers le rivage : ici s’allongeant en serpents le long des coulées rocheuses du Mal-Tépé, là se massant en carrés épais où dominait la cavalerie.

La crépitation de la fusillade s’étendait sur un front de plusieurs kilomètres et, les yeux dans sa lunette, Omar suivait avec attention le mouvement de recul des troupes anglaises et russes qui, après trois jours de luttes acharnées, abandonnaient enfin les lignes de défense édifiées sur la terre d’Asie pour couvrir Constantinople.

Le deuxième acte de la lutte, celui qui se jouait en Asie, allait se terminer ; après avoir commencé en Afrique par l’expulsion de l’élément européen de tous les rivages, cette lutte s’était poursuivie par l’invasion de l’Asie ; elle allait maintenant avoir pour théâtre l’Europe elle-même.

Jusque-là le Sultan n’avait pas eu besoin de grands efforts pour vaincre. Il avait rencontré sur sa route de nombreuse populations musulmanes, dont les unes avaient grossi ses