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Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/70

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l’ombre et une haute silhouette se dessina dans l’encadrement de cette nouvelle ouverture.

Ces souterrains étaient décidément pleins d’issues et de débouchés mystérieux.

Omar tournait le dos à l’apparition, mais il sentit le corps de sa mère trembler dans ses bras : il vit une expression d’égarement se peindre dans ses yeux fixes, son bras se tendre et se retournant, il comprit.

Celui qui, prévenu par Hékim de la tentative d’enlèvement qui venait d’avoir lieu, avait tenu à s’assurer par lui-même que justice était faite, c’était le Sultan lui-même.

Mais il n’eut pas le temps de faire un pas : avec une promptitude étonnante, et sans donner au jeune prince le temps de se reconnaître, Zahner s’était précipité vers la sultane et l’avait enlevée dans ses bras musculeux.

Puis il jeta à l’oreille d’Omar ces mots rapides :

— Faites seulement que j’aie deux minutes de répit et nous serons embarqués… adieu !…

Il franchit la porte opposée à celle par laquelle arrivait le Sultan et disparut.

Le père et le fils restaient seuls face à face.

Le premier mouvement d’Omar avait été de barrer la porte par laquelle l’officier français venait de s’enfuir avec son précieux fardeau, pour l’empêcher d’être poursuivi, car il s’était rapidement ressaisi, et l’autorité paternelle, pour laquelle il avait eu jusqu’alors le respect le plus absolu, ne pouvait lutter à ce moment dans son cœur contre l’ardent désir qu’il avait de sauver sa mère.

Mais le Sultan resta sur le seuil de la porte ; il n’appela point.

Seulement, Omar le vit porter lentement la main droite à la crosse d’un de ses pistolets damasquinés d’or, pendant qu’un éclair passait dans ses yeux.

Puis, ce bras retomba sans que l’arme eût quitté la ceinture un silence lourd comme la masse de granit qui pesait sur la crypte régna pendant quelques minutes dans ce lieu, témoin jadis de tant de drames, et Omar se garda bien de le rompre, sentant que pendant ce court répit s’opérait le sauvetage béni.

Derrière le Sultan, personne n’apparaissait.

Ce répit, ne l’accordait-il pas tacitement ?