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Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/82

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vous ne pouvez faire décemment votre rentrée en France autrement que par Marseille.

— Évidemment, fit en riant le lieutenant de tirailleurs, c’est indispensable.

— Et je vous promets dans ma ville natale une de ces réceptions comme on n’a guère fait qu’au général Dodds à son retour du Dahomey : il y a de cela rudement longtemps déjà… banquets, punchs, arcs de triomphe, il faut que tout s’en mêle.

— Nous n’aurons pas le temps ; nous voulons arriver à Paris de suite.

— Allons donc ! mais Marseille est un faubourg de Paris maintenant avec le train éclair-électrique : en huit heures vous serez rendus… mais ce n’est pas tout, vous allez accepter une place à bord de mon vapeur…

— Vous avez un vapeur ?

— Oui, je réalise tout ce qui m’appartient, et, vous le voyez, ne pouvant plus écouler mes produits, je les emporte ; toutes ces caisses recouvrent de grands réservoirs en fer-blanc pleins d’huile épurée. Voilà ma dernière expédition au Pirée et nous levons l’ancre demain.

— Accepté, mon cher monsieur Quinel, dit Zahner enchanté.

Ils entrèrent en ville pour faire leur achat de vêtements et eurent bientôt trouvé ce qu’il leur fallait.

Pour la sultane, ils choisirent une robe noire, un long voile et un châle sombre ; Hilarion quitta de suite, au milieu du magasin, son affublement étriqué pour revêtir un complet de nuance claire, et passa dix minutes à se regarder dans une grande glace, en donnant à son chapeau rond les inclinaisons les plus conquérantes ; après quoi, il partit en ville d’un air triomphant, sous prétexte de chercher un marchand de tabac.

Mata et Yamin reçurent des livrées sombres, et il fut décidé que le premier serait l’ordonnance de Zahner, pendant que Yamin servirait de valet de chambre à la sultane.

Mais comme ils regagnaient la gare devant laquelle les attendait Hilarion, une idée vint à Zahner.

— C’est très joli, un valet de chambre, pour cette pauvre femme, fit-il ; mais il me semble qu’une femme de chambre ferait bien mieux son affaire, pour le voyage surtout…