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Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/94

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que je sais qu’elle n’a jamais cessé de m’aimer, je m’en veux de mes soupçons, de mes oublis surtout…

— Oui, la jeune Arabe, n’est-ce pas ?… j’avais bien remarqué… est-elle restée là-bas au moins ?

— Oui… elle est restée là-bas

Une larme jaillit des yeux de de Melval.

Et d’une voix brève, entrecoupée, il raconta la fin de Nedjma.

— Comprenez-vous maintenant dans quel état d’âme je suis en ce moment… comprenez-vous que je voudrais rester encore quelque temps seul avec la pensée de cette enfant qui m’a aimé jusqu’à la mort ?

Pol Kardec ne répondit rien. Il avait cru que la petite Mauresque était une compagne du moment, un de ces objets de fantaisie comme s’en offrent tous les Orientaux, et il s’apercevait qu’elle avait été plus que cela.

Singulière chose que l’amour, puisqu’il peut dans certaines circonstances particulières partager un cœur d’homme et le laisser incertain entre deux souvenirs également chers.

Cependant la voiture avait filé rapidement ; elle était passée devant le Ministère de la Marine sans s’y arrêter.

En traversant la place de la Concorde, de Melval fut frappé par le grand nombre de troupes qu’il y rencontra manœuvrant, et Pol Kardec lui apprit que cette place, avec beaucoup d’autres dans Paris, avait été transformée en champ de manœuvres pour exercer les réservistes et les territoriaux dont toutes les classes étaient successivement appelées pendant une période déterminée.

Ils s’engagèrent dans l’avenue Gabriel.

— Où me conduisez-vous ? demanda de Melval se passant les mains sur le front.

— Nous avons devant nous le temps pour notre prétendue audience au ministre.

— Ah ! c’était…

— Un prétexte pour vous enlever à l’ingénieur, mais je vais utiliser ce quart d’heure en vous présentant quelqu’un à qui j’ai formellement promis de vous conduire aujourd’hui, car il part dans trois jours.

— Je le connais ?

— Non ; mais je vous ai parlé de lui, c’est M. de Brantane, le neveu de M. Durville.