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Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/93

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― Comment ? fit-il, mais la lettre de Christiane à ce misérable ?

― Cette lettre ? mais elle vous était destinée !

― A moi ?

― A vous-même elle avait été remise à M. Durville par M. Fortier, pour le cas cependant bien improbable où les aéronautes pourraient vous rencontrer dans le Sahara ; c’était une illusion, mais l’amour ne raisonne pas ; M. Durville s’est chargé de la lettre, ne comptant guère pourtant en trouver le destinataire, et c’est ainsi qu’elle est tombée entre les mains du traitre qui l’a exploitée à son profit.

De Melval baissa la tête, atterré.

La simplicité de l’explication lui coupait la parole. Comment cette solution ne lui était-elle jamais venue à l’esprit ?

― Ainsi donc, reprit l’officier de marine, pas d’explications inutiles avec elle tout à l’heure : demandez-lui pardon tout simplement sans crainte : il y a longtemps qu’elle a pardonné…

De Melval serrait les poings ; sa haine contre Saladin, auquel il ne songeait plus guère depuis quelques jours, venait de se réveiller plus intense que jamais.

― Tant que je n’aurai pas tiré une vengeance de cet homme, gronda-t-il, il n’y aura pas de bonheur complet pour moi.

Puis il se dit :

― Y aura-t-il d’ailleurs jamais un bonheur complet pour moi ?

Et sa pensée s’en alla planer au-dessus des flots bleus de la mer de Marmara…

Pauvre petite Nedjma ! allait-il déjà l’oublier ? allait-il pouvoir parler d’amour à une autre ? et son cœur se gonfla en pensant à l’enfant que ballottaient à cette heure, au milieu des algues, les courants sous-marins des détroits…

― Mon ami, dit-il, je voudrais… oh ! je voudrais être seul, retarder cette visite.

― Pourquoi ?… n’êtes-vous pas heureux à la pensée de la revoir ?

― Je ne saurais vous dire tout ce qui se passe en moi. c’est vrai, je n’ai jamais.oublié Christiane ; et maintenant