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ROBINSONS SOUS-MARINS

Il avait longtemps résisté. Ses premières réponses furent un non farouche et indigné :

— Tu me demandes l’impossible, tu le sais bien ; mieux qu personne, tu devrais connaître la valeur d’une consigne, puisque tu portes des galons comme moi…

— Je la connais, mais je persiste ; je veux absolument faire une plongée, une plongée profonde, même… Sérieusement, Jacques, quel danger peux-tu craindre pour la défense nationale ?

— Il ne s’agit pas de cela : c’est interdit !

Il prononça ce mot en scandant les syllabes, et je le regardai en riant.

— Interdit ! Et les journalistes qui sont descendus dans le Narval avec le Président de la République, il y a quelques années ? et les officiers anglais qui ont visité à fond l’arsenal de Cherbourg ? et l’attaché naval japonais qui a passé sa petite inspection du port de Brest, l’an dernier ?

— Ils étaient autorisés.

— Eh bien, tu m’autoriseras ; n’es-tu pas le maître à ton bord… après Dieu ?

— Pour que tu ailles encore, dans un nouveau roman, analyser tes impressions, raconter ce que tu as vu, livrer quelque secret sans t’en douter.

— Allons, voilà les grands mots lâchés ! des secrets dans la question des sous-marins ! Voudrais-tu me faire croire qu’il en existe encore ?

— Certainement, il en existe : nous sommes en avance de cinq années sur certaines marines.

— Sur la marine suisse, peut-être ; mais crois-tu que tu vas m’en imposer, avec tes airs mystérieux ? Crois-tu que je ne sache pas la marine américaine, par exemple, mieux outillée que la nôtre au point de vue des sous-marins ?


— Tu plaisantes ! Les Hollands, veux-tu dire ?