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SUR LA « LIBELLULE »

trouver sur un sous-marin, alors que l’accès de ce bâtiment est interdit à un officier de marine, voire même au lieutenant de vaisseau qui le commandait la veille ?

Que la Commission ne cherche point et n’incrimine personne. Le seul coupable, c’est moi d’abord qui, depuis longtemps, rêvais de mettre ce projet à exécution, puis, ce pauvre d’Elbée, le lieutenant de vaisseau commandant la Libellule, que, revêtu d’un scaphandre, j’ai trouvé moi-même noyé dans son kiosque de commandement dans l’obscurité tragique des nuits sous-marines ; Jacques d’Elbée qui, avant de mourir, avait fait tout ce que lui prescrivait le devoir militaire, mais qui s’est trouvé impuissant, après l’accident fatal, parce que des organes essentiels de son bateau n’ont pas fonctionné.

Nul, d’ailleurs, ne s’étonnera de cette dernière révélation qui n’en est plus une. Malgré toutes les affirmations optimistes, on sait, aujourd’hui, qu’il en fut de même pour le Farfadet dont tout l’équipage succomba par 8 mètres de fond seulement dans le lac de Bizerte ; que, dans l’accident du Lutin notamment, d’où nul ne revint, les plombs de salut n’avaient pu être largués, parce que le système de déclenchement ne fonctionna point.

Je m’abstiendrai, ici, de récriminations qui n’ajouteraient rien à la navrance des faits. Mais, puisque le hasard nous jeta deux dans ce drame de la Libellule, qui dura six jours ; puisque la Providence, à laquelle je crois, nous permit d’en sortir, je veux raconter sans phrases et heure par heure nos angoisses et nos souffrances, nos efforts et nos espoirs, nos défaillances aussi, au cours de cette longue nuit sous-marine.

J’avais soumis à une rude épreuve la vieille amitié de Jacques d’Elbée, en lui demandant de l’accompagner dans une sortie en plongée.