la thèse, se chargeait bravement de l’antithèse, désireux d’engendrer la synthèse.
Très en arrière du pays des Marais, à plus de cent kilomètres, il y avait un camp qui attirait autant l’intérêt de Préault, de Salis, de Bardy que la Maison des Marais. Ils cherchaient tous trois à y faire des adhérents, et chacun y avait des intelligences. Constant entendait souvent parler d’un des jeunes chefs qui se disputaient là la pauvre jeunesse, si peu nombreuse, si mal élevée par ses parents, ne sachant pas très bien si elle se vouait à une héroïque nouveauté ou à la routine infâme et délicieuse.
Bardy se donna l’avantage de faire venir sur la côte ce jeune chef, qui passa deux ou trois jours à la Maison des Marais. Constant le considéra avec le même sentiment mélangé qu’il accordait aux aînés ; il s’intéressait à cette humanité brute – animale et spirituelle – tout en préparant sa méfiance à l’égard des ânonnements politiques dont elle devait être affadie. Cette méfiance s’exerçait de plus en plus envers les protagonistes de la comédie politique qui continuait sans vergogne son traintrain aux alentours et qui, lui rebattant les oreilles du matin au soir, l’empêchait d’écouter le murmure du vent dans les arbres des marais et sur les dunes. Dans l’obsession de ce voisinage, Constant devenait maussade, aigre, quinteux. En dépit de sa philosophie, dont Préault disait sottement qu’elle était panthéiste, Constant avait de plus en plus de peine