Après une longue bouffée, Urcel finit par parler. Il regrettait de rompre le silence que, dans son for intérieur, il avait eu plaisir à reprocher à Alain comme une hypocrisie ; mais l’envie de parler était chez lui plus forte que tout, ce qui lui donnait parfois les apparences d’un laisser-aller assez généreux.
— La désintoxication, drôle de chose, hein ?
— Drôle de chose.
Il y eut encore un silence. Puis on entendit la voix aiguë de Totote :
— Ces messieurs sont cérémonieux.
Alain voulait laisser venir le bon apôtre ; mais il craignait de l’avoir découragé par la sobriété de sa réponse. Il lâcha donc une ou deux phrases.
— La désintoxication. Vous voudriez que je vous en parle. À quoi bon ? Vous connaissez ça aussi bien que moi. Je me rappelle comme vous avez souffert, l’autre année.
— Et vous, maintenant, mon pauvre Alain.
Ce ton patelin des drogués, et là-dessous une méchanceté de vieilles chattes.
Encore Totote :
— C’est attendrissant.
Urcel avait fait une tentative fort longue, fort douloureuse, tout à fait inefficace et il avait mis beaucoup de temps à avouer son échec. Aussi les yeux d’Alain, illuminés par le plaisir désolé de la rechute, l’exaspéraient. « Je ne suis