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« Je suis un niais. »

Les uns restaient dans la salle à manger, les autres gagnaient le salon, la bibliothèque, le boudoir de Solange.

Cyrille prit par le bras Brancion et lui expliqua qui était Alain. À Paris, Brancion restait en Asie et regardait tout de fort loin, sauf ce qui concernait ses intérêts immédiats auxquels il donnait tous les soins possibles. Il eut pour le personnage que défendait Cyrille la même indulgence dédaigneuse que pour celui-ci.

— Si vous me faites causer avec lui je le blesserai encore plus, dit-il tranquillement.

— Dans le cours de la soirée, vous trouverez à lui dire un mot gentil.

— J’en doute.

Brancion souriait. Il portait son râtelier avec ostentation ; les femmes n’en étaient pas dégoûtées.

Cyrille courut rejoindre Alain dans un coin de la bibliothèque.

— Je regrette beaucoup d’avoir fait ce malentendu entre toi et Brancion. Il te plaît et s’il t’avait rencontré en Asie, tu lui aurais plu.

— Mon petit Cyrille, je t’adore. Rien de ce qui me touche n’a d’importance. Je ne suis pas allé en Asie et c’est atroce de ne pas exister et de se promener sur deux pieds, parce que alors on souffre des pieds atrocement. Tu ne sais pas comme je souffre des pieds.

Cyrille ne put s’empêcher de regarder les