Page:Drieu la Rochelle - Le Feu Follet (1931).pdf/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce ne sera pas mon premier, ni mon dernier, s’écria-t-il.

Puis, il reprit à part lui :‬

« Mon dernier si, sans doute, mon dernier. »

Néanmoins, le docteur sentait qu’il avait marqué un point ; ‬il tâcha de profiter de son avantage.

— Puisqu’en ce moment vous êtes, somme toute, en bonne forme, il faut aussi vous occuper de vos affaires.

« Les affaires. » Alain lui rit un peu au nez. Pourtant, il y avait là encore tout un lot d’illusions dont il faisait son pain quotidien.

Le docteur avait de la considération pour les goûts saugrenus d’Alain. N’admirant spontanément que les extravagants du passé, de Byron à Jarry, il comprenait confusément que l’éloignement du temps l’aidait beaucoup à vanter des choses qui, à brûle-pourpoint, l’auraient déconcerté comme le troupeau vulgaire des contemporains d’alors. Aussi s’interdisait-il, pour ne jamais être pris au dépourvu, de jeter la pierre sur rien de ce que lui offrait son époque.

Il s’était levé et, une fois de plus, il considérait avec envie les ornements de la cheminée. Il aurait voulu se plaire à tout cela, il n’y parvenait pas ; ‬mais le fait de pouvoir maintenir un instant ses regards sur ces objets déconcertants lui semblait un résultat dont il s’empressait de se satisfaire.

— Votre idée de boutique me paraît excel-