Page:Drieu la Rochelle - Le Feu Follet (1931).pdf/5

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À ce moment, Alain regardait Lydia avec acharnement. Mais il la scrutait ainsi depuis qu’elle était arrivée à Paris, trois jours plus tôt. Qu’attendait-il ? Un soudain éclaircissement sur elle ou sur lui.

Lydia le regardait aussi, avec des yeux dilatés, mais non pas intenses. Et bientôt elle détourna la tête, et, ses paupières s’abaissant, elle s’absorba. Dans quoi ? Dans elle-même ? Était-ce elle, cette colère grondante et satisfaite qui gonflait son cou et son ventre ? Ce n’était que l’humeur d’un instant. C’était déjà fini.

Ce qui fit qu’il cessa aussi de la regarder. Pour lui, la sensation avait glissé, une fois de plus insaisissable, comme une couleuvre entre deux cailloux. Il resta un moment immobile, couché sur elle ; ‬mais il ne s’abandonnait pas, crispé, soulevé sur ses coudes. Puis, comme sa chair s’oubliait, il se sentit inutile, et se renversa à côté d’elle. Elle était allongée presque au bord du lit ; ‬il eut juste la place de se main-