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Page:Drieu la Rochelle - Le Feu Follet (1931).pdf/6

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tenir sur le flanc, tout contre elle, plus haut qu’elle.

Lydia rouvrit les yeux. Elle n’aperçut qu’un buste velu, pas de tête. Elle ne s’en soucia pas : elle n’avait rien éprouvé non plus de très violent, mais pourtant le déclic s’était produit, et c’était tout ce qu’elle avait jamais connu, cette sensation, sans rayons mais nette.

La maigre lumière, qui grelottait dans l’ampoule du plafond, révélait à peine, à travers l’écharpe dont Alain l’avait enveloppée, des murs ou des meubles inconnus.

— Pauvre Alain, comme vous êtes mal, dit-elle au bout d’un moment, et, sans se presser, elle lui fit place.

— Une cigarette, demanda-t-elle.

— Il y avait longtemps…, murmura-t-il d’une voix blanche.

Il prit le paquet qu’il avait pris soin de poser sur la table de nuit, quand ils s’étaient couchés quelques minutes auparavant. C’était un paquet intact, mais le troisième de la journée. Il l’éventra d’un coup d’ongle et ils éprouvèrent du plaisir, comme s’ils en avaient été longtemps privés, à tirer de la botte serrée deux petits rouleaux blancs, bien bourrés de tabac odorant.

Sans se donner la peine de tourner la tête, en se rabattant sur le dos et en tordant sa belle épaule, elle chercha d’une main aveugle, sur l’autre table de nuit, son sac d’où elle tira un