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parce que les individus sont réunis en association ; — mutuel, enfin, et c’est là sa nouveauté, parce que, ne pouvant fixer des services dont il est impossible de calculer à l’avance la valeur, des risques et des avantages qui dépendent si peu de notre volonté, on arrive à cette idée simple : si chacun de nous est seul pour se protéger contre le risque, il sera écrasé ; unissons-nous donc et mutualisons le risque ; nous paierons tous pour nous en garantir tous.

Certes, cette mutualité ne peut être organisée du jour au lendemain, dans la société, d’une façon complète. Mais, au point de vue de la morale et du droit, elle est le but vers lequel on doit tendre et il est nécessaire d’assurer dès le commencement de sa réalisation sa sanction.

Si on entre sur le terrain des applications, il en est d’essentielles que l’on aperçoit aussitôt.

Personne ne discute certaines charges communes, comme le service militaire, les impôts destinés à payer des services publics ; il ne convient de les signaler que pour montrer qu’elles rentrent déjà dans le cadre de la solidarité ainsi définie.

Mais il est aussi des avantages qui appartiennent au domaine public et dont chacun doit pouvoir jouir à l’égal de son voisin. On veut parler des richesses intellectuelles accumulées par la lente élaboration des âges qui nous ont précédés. On a souvent, depuis l’antiquité, rappelé cette image des flambeaux que les hommes se passent de main en main, de génération en génération, perpétuant les foyers de lumière de plus en plus intenses qu’alimente incessamment l’esprit humain.