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peut faire cette idée de l’assurance générale et au nombre des objets auxquels elle s’applique.

Qu’on ne voie pas là une négation de la liberté et de la propriété individuelles ; celles-ci subsistent, non, il est vrai, comme des dogmes intangibles autour desquels rayonnent, dans un ordre subordonné, tous les autres principes sociaux et que toutes les institutions réunies doivent avant tout contribuer à consacrer et à maintenir, mais comme le but de nos efforts, comme des biens dont nous ne serons investis légitimement qu’après l’acquit de nos obligations sociales.

Ces principes posés, ces indications données sur ce qu’il faut entendre par l’être social et la vie sociale, on aperçoit que le moyen de réaliser la justice, c’est le contrat, c’est-à-dire l’association consentie, mutuelle et solidaire entre les hommes, « dont l’objet est d’assurer à tous aussi équitablement que possible les avantages résultant du fonds commun et de garantir tous, aussi équitablement que possible, contre les risques communs. Le nœud de la vie sociale, c’est ce contrat ».

L’hypothèse de Rousseau place le contrat à l’origine des choses, tandis que la doctrine que j’expose nous le propose comme un objectif naturel, d’accord en cela avec l’observation faite par les modernes philosophes du droit, que le progrès de l’humanité se mesure à l’extension prise par le contrat dans les choses humaines. C’est ainsi que le contrat social, historiquement parlant, serait, comme l’âge d’or, non le début, mais la fin de la société.

C’est à la fois un contrat privé, parce qu’il règle un échange de services entre individus ; — collectif,