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quérir dans les sciences philosophiques et sociales un domaine nouveau, dont les limites ne peuvent même pas encore être fixées ; aussi m’a-t-il semblé que vous pourriez prendre quelque intérêt à entendre parler des théories groupées sous ce vocable par des hommes éminents venus de tous les horizons de la pensée, qui travaillent à résoudre dans un esprit de science et de justice l’éternel problème social.

Il y a environ un demi-siècle seulement, on ne parlait pas de solidarité hors des prétoires et des écoles de droit — avec quelles distinctions, quelles finesses juridiques, vous le savez ! À côté de cette acception familière à la langue du droit civil, on en a vu naître alors une autre suggérée par les doctrines humanitaires du saint-simonisme, sous la plume de Pierre Leroux, — le créateur, pour le dire en passant, d’un autre terme qui a fait depuis une fortune singulière, celui de socialisme.

Pourquoi prendre aujourd’hui cet ancien moule pour y couler, grâce à sa plasticité, une idée nouvelle ? Quel besoin même de l’importer de la langue du droit dans celle de l’économie politique ou sociale ? Il n’y a évidemment pas là un accident fortuit, mais une nécessité créée par la tendance toute contemporaine et très réfléchie qui, rompant avec les traditions jugées trop étroites du passé, prétend alimenter de concepts nouveaux le vaste réservoir des théories de politique générale où viennent puiser les pasteurs des peuples, qu’ils se disent les maîtres ou les serviteurs de ceux qu’ils dirigent.

Il y a longtemps déjà qu’un doctrinaire avisé, M. de Rémusat, instruit de l’importance des pro-