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blèmes sociaux par les controverses des réformateurs de son temps, disait des saint-simoniens : « Ils sont stupides, ils n’indiquent que des remèdes insensés, mais ils sont dans la question. » Cette question, elle nous sollicite aujourd’hui et nous enserre plus que jamais. Tout le monde travaille, — bien ou mal, il faut le dire, — à sa solution ; le temps de cueillir chaque jour comme il vient semble passé, et cette douce philosophie serait dangereuse pour ceux que la fortune a plus particulièrement favorisés. Le présent, on l’a dit souvent, est gros de l’avenir ; aussi faut-il déjà le comprendre de son mieux.

Ce qui ressort avant tout aux yeux de l’homme qui se tient quelque peu informé du mouvement de son temps, c’est la préoccupation dominante de définir les bases scientifiques sur lesquelles doit reposer la répartition des richesses. Tout le monde sent que le terrain économique est celui sur lequel se livreront les batailles les plus rudes ; que dis-je ? le combat y est engagé déjà sur bien des points entre les nations comme entre les individus, et il n’est pas trop tôt de songer aux moyens pacifiques d’atténuer la rigueur de la lutte.

Aussi bien ce problème est-il devenu l’objet des méditations et des enquêtes d’une foule de penseurs, hommes politiques, philosophes, publicistes. La littérature elle-même s’est laissée pénétrer par ce penchant général et a joint au culte de la forme l’étude plus ou moins optimiste des conditions sociales ; on pourrait même voir là un indice caractéristique de la tournure de l’esprit contemporain.

N’avons-nous pas un des témoignages les plus frap-