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Page:Drouot – Eurydice deux fois perdue, 1921.djvu/111

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Ce n’est pas pour sa beauté que j’aime le crépuscule, pour les colorations qu’il donne aux nuages, pour des visions étranges, mais parce qu’il emporte avec soi la Lumière. Les vitres de ma croisée noircissent ; le paysage s’abolit ; en quelque endroit que j’allume ma lampe, je puis croire un instant que je ne suis séparé de toi que par l’épaisseur d’une cloison.

* * *

Quels violons ! quelles sourdines ! Ce bruit, tantôt si joli, tantôt si déchirant, du vent, écoute-le, assise devant la cheminée sans feu. La pièce est tiède où tu l’entends. Goûte la mélancolie qui te pénètre. Quand, tout à coup, le vent enflera la voix, croîtra, ajoutera quelque riche note de poitrine à ses cris aigus, dis-toi que, par moments et sans raison, c’est ainsi que mon âme, toujours agitée de ton souvenir, redouble pour lui de tendresse.