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Page:Drouot – Eurydice deux fois perdue, 1921.djvu/130

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Certes, autrefois, devant un ciel pur j’étais sans refuge ; mais qu’il y ait le moindre petit nuage et je m’y réfugie, je m’y cache.

Et on me demande : « Où es-tu ? à quoi penses-tu ? » et l’on ne voit pas dans le ciel un nuage.

Le corps penché comme un haleur, je marche, je marche jusqu’à ce que j’aie oublié que je suis seul.

* * *

Le soir, lorsque le brouillard monte (ah ! laisse délirer la triomphale couleur jaune), lorsque tout est pareil à moi, et les quatre murs noirs de l’ombre, et l’aride silence, et point d’écho, je sors.

Je foule la feuille deux fois morte. Je m’adosse au tronc d’un arbre dépouillé ; un lierre épais et bleu pend autour de moi. Il me semble que je vais pouvoir sortir de moi-même, devenir l’un de ces frêles