Page:Drouot – Eurydice deux fois perdue, 1921.djvu/30

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cachais de vous pour satisfaire à l’amertume de mon naturel. Quand je pouvais saisir un instant de bonheur, je le happais si fort qu’il n’en restait jamais dans ma main forcenée que des cris, des tourments, une douleur nouvelle.

Vous me parlez, debout contre moi ; je ne vous réponds que d’un regard étrange : mais ne sentez-vous pas, par moments, ces décharges de frissons tuants dans mes épaules ?

* * *

Ne point leur confier que nous les aimons. Aimer, certes ; l’avouer, non ! Leur plaisir d’en recevoir l’aveu, qu’est-ce auprès de notre jouissance de le tenir scellé ? Et quand celle qui nous aime, harassée de notre silence, s’écrie : « Ah ! » quelle coupe de félicité elle nous renverse dans le cœur ! Son amour et le nôtre, ensemble, en nous, sans qu’elle le sache ! Ô coups ravissants ! Restons impassibles.