Page:Drouot – Eurydice deux fois perdue, 1921.djvu/41

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comme si je devais un jour, jour terrible, comme si je devais dire alors : « Il me reste : l’ascétisme — les voyages — les champs encore ; — rien d’autre. »

* * *

J’ouvris la fenêtre. L’air m’assaillit. Il me sembla que je défaillais contre l’univers pantelant. Je m’abandonnai au torrent des sphères ; je ne résistais plus ; j’acceptais ; je partais ; j’allais, poussé.

Les générations nouvelles m’apparurent. Je sentis que j’étais déjà mort, puisqu’elles naissaient, et qu’aucun massacre des innocents ne me rendrait des moments mal éternisés.

Alors un aboiement lointain et prolongé avança dans la nuit ; il augmentait, reprenait, montait vers la lune, semblait pouvoir en approcher ; j’en suivais les progrès avec un grand rictus, comme si cet aboiement sortait de moi-même et me soulageait.