Page:Drouot – Eurydice deux fois perdue, 1921.djvu/54

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écartés dans l’aurore ; je chante « La mort d’Yseult ».

L’Amour, l’amour !

Du moment qu’il est, il triomphe !

* * *

J’aime ! Tous les mots me sont trop connus pour exprimer une chose si neuve !

Un faible vent circule autour de la fenêtre. Les peupliers se balancent très lentement tout entiers ; les saules chuchotent ; la lumière monte ; un oiseau chante : de cet oiseau-là on peut dire qu’il chante !

Et moi, debout, dressé, impondérable, svelte, je me tais, la bouche ouverte. Le sentiment qui se répand dans tout mon être, le sentiment vertigineux d’une vitesse qui s’accroît régulièrement, ce n’est ni celui de la vie, ni celui de l’amour, ni celui du bonheur, ni l’énergie : je ne produis pas cette force ; et pourtant elle me soulève !

* * *