Page:Drouot – Eurydice deux fois perdue, 1921.djvu/60

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Si la solitude avait une couleur, je dirais qu’on en a peint les murs de ma chambre.

On ne voit guère dans cette pièce que des fleurs. Il y en a d’un mauve si doux qu’elles te ressemblent, il y a une rose qui s’aplatit en se fanant ; et, partout, de ces phlox dont l’odeur emprunte aux traînants soupirs de l’automne leur amère et secrète folie.

J’ai fait tout de suite mon séjour de ce verger. Il est petit, il est carré, il a deux allées qui se croisent ; il faut être humble pour s’y promener. D’un côté, une balustrade en briques lui découvre la campagne ; une haie de troènes fait, sur les trois autres côtés, plutôt office de paravent que de muraille. Dans le coin où les fraisiers sentent bon, se cache un banc de bois ; on découvre, un peu en arrière, les cabanes des abeilles. C’est là que, sous couleur de préparer leur miel, les rusées sorcières