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non plus sournoisement, brusquement, les yeux cachés, le cœur amer comme le buis, mais d’un tutoiement consenti, sans cesse.

Premier tutoiement, première odeur de l’herbe au printemps !

Tendre, mouillé, avec des maladresses d’oiseau tombé, des scintillements d’étoiles, le doux tutoiement, doux comme un pied nu…

C’est décidé, je te tutoie, mais comment faire ? Quand je te tutoie, même en rêve, que je te dis « tu » tout haut, par force, je reçois un choc suave, comme si ta main me heurtait le dos. Et l’équilibre de mon cœur est rompu par la surprise.

De s’être approchées l’une de l’autre, que nos bouches se soient à jamais tutoyées ! Que ce soit toute notre couronne, peut-être, cette infructueuse fleur !

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